Juillet 2019 - Extrait « Le Vieux Grenoble, ses pierres et son âme - tome 2 » René Fonvieille (1968)
Quartier de la Place Grenette
« L’espace actuellement occupé par la place Grenette fut jusqu’au XVIème siècle hors des murs d’enceinte. Les remparts de Dioclétien (IIIème siècle) s’arrêtaient à l’entrée de la Grande-Rue et tournaient vers l’actuel Jardin de Ville.(…). Dans le haut Moyen Âge, toute cette partie hors les murs était constituée par de vastes terrains cultivés, connus sous le champ du Breuil (…). Le marché aux grains prit de l’extension, son emplacement conserva le nom de place du Breuil; une partie de ce terrain fut occupée au XIIIème siècle par les Dominicains qui firent construire leur couvent sur un emplacement concédé en 1288 par l’évêque de Grenoble, Guillaume de Sassenage, puis en 1291 le champ tout entier fut donné aux Dominicains par le Dauphin.
Il semble qu’à partir de cette époque leur ordre fut propriétaire d’un vaste ensemble qui allait jusqu’à l’endroit où se trouve actuellement le lycée Stendhal. (…)
Au moment des guerres de religion et notamment en 1562, les religieux virent leur monastère incendié par les troupes du baron des Adrets. Ils s’exilèrent pendant plusieurs années. Ils revinrent en 1568 lorsque la tourmente fut passée, et s’employèrent à remettre en état leur établissement. Mais ils durent supporter le voisinage des marchands qui avaient profité de leur éloignement pour revenir en force sur l’emplacement qui avait leur faveur, car il était à la porte même de la ville. Le lieu du marché commence à prendre le nom de la place de la Granaterie.
Mais pour se protéger des dangers d’incursion, les moines avaient obtenu que des remparts englobent leur domaine. Des murailles avaient donc été élevées et des fossés creusés. Sur la forme en ellipse des remparts romains, on voit une sorte d’excroissance. La partie de la place qui est actuellement près de la rue de la république était seule construite; elle était essentiellement occupée par le couvent et la chapelle des Dominicains et Frères Prêcheurs. (…)
En 1591, Lesdiguières qui construisit une enceinte de fortifications beaucoup plus grande, fit démolir les remparts de protection des Dominicains ».